Contre l’impunité des pédophiles Contre l’insupportable silence

8 décembre 2016 par Maïa Laisser une réponse »

Nous relayons le témoignage de Saliha :

Poème

Mon saule pleureur a accueilli mes chaudes larmes, m’a donné sa sève pour que coule en elle la veine de mon stylo, le poids de mes maux bleus qui me rendent morose, parce que fraîche comme une rose, j’ai perdu mes pétales.

Fleur en pleine éclosion a fané devant l’explosion de l’incompréhension d’actes subits qui meurtrissent l’âme bien avant son âge. L’efflorescence de l’enfance qui n’aura jamais lieu, l’essence même de ces souffrances, parce qu’ils ont ouvert les yeux sur l’indicible pour les refermer à jamais.

Petite fleur où sont passés tes pétales qui faisaient de toi cette petite fille pleine de joie? M’en veux-tu de m’être tue quand tu m’as confié qu’un obus surgissant de nulle part t’a déchirée de toutes parts. N’a laissé sur ton corps aucune partie intacte mais un corps démoli par ses foudroyant impacts qui causent en toi ce profond désaccord te faisant perdre le la pour ne plus toucher le sol et dont le seul écho s’appelle survie.

Toi petite qui m’à tant fait grandir par tes lourds sacrifices. J’ai fleuri à l’aube de ton enfance, jusqu’au jour où le soleil de ton insouciance a tiré sa révérence, pour dire adieu au parfum de ton innocence dans lequel tu as baigné trop peu d’années.

J’imagine où tu te trouves aujourd’hui: un peu loin. Mais je n’ai eu d’autre choix que de te laisser seule là-bas! Mais au fond je te porte en moi. J’entends résonner dans mon cœur les échos de tes appels au secours qui provoquent à mon corps ces crises de secousses, pour me rappeler de ne jamais vous oublier.

Je suis gardienne d’un temple dédié à la mémoire de ceux qui ont été mais qui ne sont plus. De ceux qui auraient pu être mais qui ne pourront plus.

Nous avons navigué sur la même mer déchaînée mais nous n’avons pas eu le même équipage. J’ai eu cette chance, cette sœur chère à mon cœur, cette bouée de sauvetage dans cette noyade inévitable.

Je continue à avancer tout en ayant dans mon rétroviseur le reflet de vos regards passés habillant mon présent. Je promets de ne jamais vous ranger dans cette armoire, dans l’un de ces tiroirs, ni dans la boite noire de ma mémoire. Je promets que vous serez la constellation de mon âme et même son oriflamme. Pour que jamais les souvenirs de vos rires ne s’éteignent, pour que jamais on oublie vos regards luisant d’espoir, pour que jamais on oublie qu’il a fallu qu’une partie de vous meure pour qu’une partie de nous demeure. Je prie mon ami voyageur d’offrir à mon âme l’éclat d’une armure adamantine pour faire taire avec grâce cette pointe assassine qui a soufflé en moi l’odorant souvenir de l’effroi enfantin.

Je supplie mon ami voyageur de faire revenir en nous les jours de notre enfance où nous rions gai comme l’espérance, où nous entrions, fleurs vivantes au printemps face au soleil levant.

Dois-je attendre patiemment le retour d’un printemps: promesse d’une renaissance où je retrouverais tous mes sens, où j’oublierais mon errance qui m’a égaré dès ma plus tendre enfance? Feras-tu naître en moi l’espoir d’une caresse, où ta main consolante se posera sur nos cœurs et apaisera nos âmes perdues dans les eaux déchaînées de ces êtres qu’on ne peut encore qualifier.

J’ai ce constat navrant que 2000 ans d’histoire n’ont pas encore permis d’offrir à l’enfant la place qui lui est due et que si nul n’est au dessus des lois, nul ne devrait être en dessous des droits!

Pour ne pas trouver la déchéance de notre civilisation, j’ai cherché la grandeur dans laquelle je puise l’espoir que plus jamais ça. L’espoir qu’être un enfant ne soit plus un danger, qu’être un enfant ne rime plus avec monnaie et ou objet, qu’être un enfant ne soit plus une cause à effet, qu’être un enfant d’ici ou là-bas suffirait à être respecté, à avoir les mêmes droits et les mêmes chances.

Il y a ceux qui sont partis, il y a ceux qui restent, il y a ceux qui vivent parmi les morts et ceux qui meurent parmi les vivants. Dois-je me réjouir qu’on puisse fêter les droits de l’enfant et comment les fêter? Sûrement avec ce sourire mouillé de larmes parce que derrière on imagine tous les drames.

hazam.Saliha

 

Explication

Je sollicite plus que votre attention. Cette lettre est un appel au secours. Un cri du silence restait dans l’indifférence depuis plus de 30 ans. Ma soeur et moi ( et bien d’autres enfants encore), avons été l’objet d’un pédosexuel. J’avais 6 ans à l’époque des faits. Mal grès les menaces de mort que m’a infligé à l’époque ce pédosexuel, j’ai dénoncé ce crime!!!! je l’ai dénoncé auprès de mes parents, je l’ai dénoncé auprès des médecins, service sociaux, enseignants. J’ai vécu ce crime à ciel ouvert et dans l’indifférence générale!!!!! Tous les adultes qui m’ont approchés de près ou de loin savaient….mais personne n’a rien fait!!!! J’ai fuis cet agresseur des que j’ai pu. J’ai cohabité avec se bourreau pendant au moins 10 ans. Chaque seconde de mon enfance, chaque seconde de mon adolescence, j’ai vécue avec cette épée Damoclès au dessus de ma tête. Chaque seconde de ma vie, chaque geste, j’imaginais que ce serait le dernier. J’ai survécu toute cette période en pensant que ce criminel finirait par mettre ses menaces a exécution. J’ai quitté le domicile familiale à l’adolescence, pour fuir cette mort lente à laquelle je suis restée,  bien trop longtemps exposée dans l’indifférence générale!!!! J’ai été auditionnée (je dirais malmenée) à l’age de 16 ans pour ce crime que ma sœur a dénoncé! N’étant plus en capacité de parler, réfugié dans un mutisme. Je me suis tue.   A l’âge de 20 ans, je donne vie à un enfant, et je comprends soudainement, que je suis condamnée à vivre!!!! J’espère que vous comprendrez bien, qu’au vue de la situation de mon enfance, je me préparais plus à mourir qu’à vivre!!!!

Lorsque j’ai donné la vie à mon enfant, j’ai pris conscience que j’allais devoir vivre. Ayant pris conscience de la fragilité d’un être, je me suis faite la promesse de le protéger et de faire valoir ses droits. Mais j’ai aussi pris conscience, qu’il fallait faire valoir mes droits et surtout ne pas accepter l’inacceptable! C’est pourquoi, j’ai décidé de porter plainte. Me rendant au commissariat en décembre 2001, prête à parler, je suis invité par la brigade des mineurs de Reims à rentrer chez moi, sous prétexte de la prescription des faits. Quelques mois après, munie de lames de rasoirs, je menace de mettre fin a mes jours au Tribunal de Reims. Le Substitut me reçoit et m’apprend en un clic, que non seulement il n’y avait pas de prescription mais que le dossier était seulement classé sans suite!!!! Il décide le jour même de ré ouvrir la procédure criminelle. L’instruction dure presque que 4 ans! Le juge d’instruction décide un renvoi aux assises pour plusieurs chefs d’inculpation (notamment pour tentative de viol) . Le pédosexuel fait appel ET à la grande surprise générale la Cour d’appel de Reims rend un non lien en février 2005 ( petit rappel de l’époque, l’affaire d’outreau). A t-elle joué en ma défaveur????? CERTAINEMENT!
En effet tous les éléments médicaux de l’époque atteste de cette agression!!!!!!

Je cite le chef de clinique Professeur Gérard SCHIMT: Les éléments du dossier en notre possession montre à l’évidence que cette personne a subi une agression sexuelle courant 1986 et qu’elle a ensuite souffert d’un syndrome post-traumatique en relation avec cette agression!

Je cite le Docteur Martine MUNZER: Elle présente un tableau très typique de névrose traumatique suite à l’agression sexuelle dont elle a été victime l’été dernier. La reviviscence anxieuse et répétitive de la scène traumatique traduit la difficulté d’élaboration psychique. Un traitement me paraît tout à fait nécessaire . Je l’envisage sous deux aspects :
1) Une chimiothérapie anti-dépressive temporaire, et d’autres parts une prise en charge en psychothérapie.
Je pense que saliha vit très mal le fait que son agresseur n’ait encouru aucune POURSUITE.
A défaut d’une plainte, je pense qu’il y a suffisamment d’éléments concordants pour justifier un signalement auprès du juge pour enfant.

L’enquête de personnalité je cite Jean Luc PLOYE  Psychologue Expert près de la cour d’appel de Reims:

M Benzaidi va avoir tendance à se réfugier derrière soit des difficultés de compréhension soit un illustrissime tant français qu’arabe(sa femme dit de lui qu’il prit 5 fois par jour et qu’il lit le coran) .  Il va essentiellement se mobiliser pour évacuer toute difficulté le concernant et lisser toute problématique , à ce niveau on ne peut exclure chez lui un positionnement global défensif qui le rend moins appréhendable qu’il ne le souhaiterait et qui peut-être réactionnel à la nature même des faits dénoncés!

il y a un an et demie , mes avocats ont relancé la procédure avec un nouvel élément! l’animateur du quartier de l’époque à bien voulu témoigner pour dire que tous le monde savaient !!!! J’ai aussi appris lors de cette réouverture, que ma sœur aîné avait aussi servi d’objet sexuel à ce prédateur!!!!

Aujourd’hui, 30 ans après. Le silence est toujours présent. L’indifférence insupportable!!!!!!

J’attendais beaucoup de la justice. J’attendais d’elle qu’elle me reconnaisse.Qu’elle nous reconnaisse.  Qu’elle ne reste pas sourde à mes cris. Qu’elle me protège. Qu’elle ne laisse plus ce prédateur agir impunément. Qu’elle me permette de ravoir confiance en elle. Qu’elle me donne assez de valeur pour ne pas passer ce crime sous silence. J’attendais d’elle une protection. Qu’elle me permette de revivre, ou du moins survivre dignement. 30 après , je ne fais que survivre. Mon enfant âgé de 16 ans aujourd’hui, a été spectateur de mes souffrances. J’ai essayé tant bien que mal de le préserver, de limiter les dégâts pour lui. J’ai pris bien des années sur moi, pour qu’il puisse grandir (normalement). Aujourd’hui, je prends conscience  que mes souffrances,  le silence et l’indifférence de la justice le font souffrir lui aussi. Je souhaite briser les chaînes qui nous rattachent a ce passé si présent! Comment lui dire que la justice existe? Avec quelle crédibilité? Comment faire de ce ptit homme, un homme en devenir équilibré? Comment vivre dans une société qui ferme les yeux face a de tels crimes? Comment ne pas être tenté de commettre l’irréparable?????? Je ne souhaite plus survivre dans ces conditions!!!!!!!
J’ai bien conscience du viel âge de ce pédosexuel, et qui si la justice daigne faire son travail, il sera trop tard! trop tard pour moi, ma sœur, et les autres enfants d’hier. Il ne sera peut-être pas trop tard pour les enfants d’aujourd’hui!!!! J’ai INFIME QUE LE JUSTICE FACE SON TRAVAIL et qu’elle mette fin aux agissements de ce seriel pédosexuel!!!!!! Ainsi donner du sens à toutes ces souffrances!!!!

J’ai cette chance que d’autres enfants non plus…je suis la!
Mon combat et aussi celui d’enfants disparus qui ne sont plus là, pour dire, qui? quoi?
Alors pour ne pas être complice de tels crimes, j’agirais avec mes propres moyens! Je ne compte pas attendre encore des années que la justice daigne faire son travail!!!!

Si nul n’est au dessus de lois, nul ne devrait être en dessous des droits, de sur plus, les plus fondamentaux!!! Cette inertie, cette indifférence, ce silence, cette maltraitance, ne fait que contribuer à fabriquer des bombes a retardement, dont personne voit et veut voir les éclats!!!!!!

Je viens d’apprendre, au lendemain de la journée des droits de l’enfant, que le Procureur de la cour d’appel de reims à décidé de ne pas ré ouvrir le dossier criminel malgré les nouveaux témoignages. Mes excuses les plus sincères si cette mise à nue en choque plus d’un….Mais c’est le SEUL moyen que j’ai trouvé pour ne pas être coupable de complicité, de silence et d’indifférence, concernant les agissements de ce seriel pédosexuel.

s’il vous plait partagez au maximum auprès de vos contacts afin de pas laisser la fatalité prendre le dessus!!!!

J’envisage une grève de la faim devant le ministère de la justice pour dénoncer l’inertie, le silence et l’indifférence de la justice face à de tels crimes.
J’ai besoin de conseils, d’aide et de soutien pour mener à bien ce projet. Toutes les aides bienveillantes sont les bienvenues!

Merci infiniment d’avoir pris le temps de me lire.

Bien à vous.

Hazam Saliha.

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